Lors de leur Grand Chapitre, les membres de la Confrérie St-Feuillien avaient choisi le thème des estaminets du Roeulx. Avec l’accord des principaux confrères historiens amateurs, je vous livre une partie de leurs recherches.
27 adresses ont été épinglées pour faire un tour d’horizon des bistrots du Roeulx… Les plus anciens pourraient très certainement citer beaucoup plus de débits de boissons.
Parmi nos recherches, une ancienne carte postale illustrant notre bonne ville du Roeulx confirme le nombre important de bistrots. L’expéditeur y a écrit : « Ici, une maison sur deux est un estaminet. » A l’heure où il n’y avait pas internet, appareils portables, smartphones, etc, les gens se rencontraient dans les bistrots, tavernes, auberges, cafés…
Ces endroits sont des lieux de sociabilité. On y tisse des relations, on y renforce des liens. D’ailleurs, en 1802, l’Académie française définissait l’estaminet comme une « assemblée de buveurs et de fumeurs ». Une « assemblée », c’est-à-dire une communauté, un groupe. Cette appellation désigna aussi le lieu où elle se tient. L’estaminet est donc une manière de « faire société », un lieu et une manière d’être ensemble, de vivre ensemble. Le premier établissement que j’ai choisi est le Centre culturel Joseph Faucon et son café Patria. Ce remarquable bâtiment fut voulu par le Député-Bourgmestre Léon Mabille.
Appelé à une certaine époque Cercle catholique-Patria, cette bâtisse comprenait un bistrot et deux grandes salles. Au fond de la cour, des bâtiments de récupération d’un charbonnage furent érigés en faveur du patro St Nicolas. Toutes les salles de cet ensemble architectural grandiose servirent à de nombreuses activités aussi différentes les unes que les autres. La salle du haut prévue au départ comme salle de spectacles a vu défiler notamment le club de pétanque, le tennis de table, le judo club, le club de boxe… La salle d’en bas reçut de nombreux concours de tir à l’arc à l’horizontale, les bals du bourgmestre, les fêtes du patro, les dîners de prisonniers de guerre 14-18 et 40-45, des concours de whist, les fancy-fair de l’école de l’Ange Gardien… Une fois par semaine, la bibliothèque paroissiale située au-dessus du café recevait tout lecteur avide d’échanger ses coups de coeur. Le café fut entre autre dirigé par René Duby (appelé : le petit René vu sa petite taille) et sa femme. D’octobre 1977 à février 1992, ce débit de boissons fut tenu par Monique Hélin et son second mari connu sous le nom de « Tonton ». Il serait indécent de ne pas citer deux hommes forts pour entretenir et gérer tous ces bâtiments. A l’heure à laquelle il n’existait aucun subside, messieurs Albert Pesesse et Gaston Decubber ont maintenu le pot droit comme on dit, tout en veillant au grain au profit d’une population toujours plus active. Pour faire face aux frais de fonctionnement, le Doyen Blampain (curé-doyen du Roeulx de 1951 à 1976 ) encourageait ses paroissiens à la messe de 10h00 à venir prendre l’apéro à Patria. « Il fallait faire marcher le commerce. » comme il disait. Ce lieu exceptionnel a connu de belles histoires et continue à encore vivre des moments de rencontres, de partages qui nous font grandir dans notre vie d’homme ou de femme grâce à toutes les activités proposées par les responsables du Centre culturel.
Patrick Renaux