Pour rédiger cet article, Dimitri Deblander m’a conseillé de rencontrer Maurice Leclercq, passionné d’histoire et plus particulièrement attaché au règne du Roi Albert 1er. Pourquoi cet intérêt à ce personnage de la famille royale ? Le papa de Maurice Leclercq, Georges, fut à plusieurs reprises proche du Roi Chevalier. En s’engageant volontairement pendant la guerre de 1914-1918, Georges Leclercq intégra le 1er Régiment des Grenadiers. A cette époque, ce régiment faisait partie de l’élite militaire belge. Ce régiment fut offert par Léopold II au Prince héritier, Albert 1er. Reconnu par ses pairs, Georges fut gratifié plus d’une fois et a laissé à son fils de nombreuses médailles et décorations dont Maurice est très fier.
Maurice Leclercq me raconte :
La décision d’ériger au Roeulx un monument en l’honneur du Roi Albert fut prise le 20 août 1960 par la section locale de la fédération nationale des vétérans du Roi Albert. Il fut ainsi décidé que cette construction serait réalisée sur un terrain offert par le Prince de Croÿ, situé à l’intersection de la rue Nivelloise et de la chaussée de Soignies, juste en face de l’avenue du Roi Albert.
Compte tenu des nombreuses formalités administratives et de la nécessité de boucler le budget, son inauguration n’eut lieu que le 14 juin 1964. Ce jour-là, après la messe célébrée par le doyen Blampain et chantée par la chorale de la gendarmerie de Mons, le cortège se dirigea vers le monument qui fut dévoilé par le représentant du Roi et, après le dépôt de fleurs et les discours, la cérémonie se clôtura à l’Hôtel de Ville avec le vin d’honneur.
Participaient notamment à cette inauguration : le colonel Dalleur, représentant du Roi ; le major Heureux, représentant du Ministre de la Défense nationale ; le représentant du Gouverneur de la province du Hainaut ; Benoît Friart (père), Bourgmestre du Roeulx et les membres du Conseil Communal; les enfants des écoles; les associations patriotiques; la police et quelques représentants de la gendarmerie du Roeulx.
Le souvenir de cette journée m’est resté vivace, car comme beaucoup d’habitants du Roeulx et des environs, je tenais à faire acte de présence. Comme j’avais accompli mon service militaire (obligatoire à cette époque) comme officier de réserve, faisant face à cette inauguration rehaussée par la présence d’un représentant du Roi, j’étais dans l’obligation de revêtir ma tenue militaire. Les gens me regardaient avec étonnement…beaucoup d’entre eux ne me reconnaissaient pas dans cette tenue.
Ce que retient Maurice Leclercq à propos du troisième roi des Belges, c’est son souci permanent de la vie de ses hommes. Il avait toujours refusé de participer à des offensives qui étaient vouées à l’échec. Il faut savoir que c’est le général Pétain lui-même qui, lors d’un entretien avec le Roi le 7 juin 1917, disait : « L’offensive érigée en principe absolu a été une des causes de l’immensité des pertes françaises ».
Comme tout bon historien amateur, il a mémorisé la date de l’accident tragique qui mit fin au règne d’Albert 1er : le 17 février 1934. Il me rappelle qu’un million d’hommes, de femmes et d’enfants sont accourus de tous les coins du pays pour saluer une dernière fois cet illustre homme qui était un homme timide lorsqu’il dut monter sur le trône mais qui devint un grand chef tellement était ancré en lui le sens du devoir.
Patrick Renaux